Dans les forêts du massif des Bauges, les cyclamens s’épanouissent naturellement à la belle saison. Très vite au XIXe siècle, l’idée de ce petit bouquet qu’on ramène pour soi en souvenir d’une excursion fait son chemin.
Un commerce s’organise alors à Aix-les-Bains où des vendeuses s’installent sur le parvis des Thermes, un panier à la main, pour vendre leurs petits bouquets aux curistes. Des kiosques leur succèdent puis les fleuristes se lancent également et finalement le cyclamen s’impose bientôt à tous les coins de rues.
Et on finit par le retrouver également sur divers objets variés (affiches, éventails, cartons d’invitation, cartes postales ou encore pages de couverture de journaux et de revues).
En 1905, la reine Alexandra, épouse du roi Édouard VII d’Angleterre ayant succédé à Victoria sa mère, « déclare la guerre aux chapeaux à plumes » et particulièrement aux garnitures d’aigrettes et de paradis. La reine veut bien tolérer la plume d’autruche, qui s’obtient sans la mort de l’oiseau, mais trouve particulièrement cruelle une mode qui ne peut se satisfaire que par le massacre d’innocents volatiles.
Tandis qu’à Paris les élégantes font de la résistance, dans les villes de loisir on fustige peu à peu leurs chapeaux à plumes lesquels, de plus, empêchent de bien voir les spectacles.
Le consensus s’affirme bientôt à Aix-les-Bains où la plume est abandonnée, sauf celle d’autruche, et s’y déploie alors l’élégance sur le thème du chapeau fleuri pour, en quelque sorte, honorer les nombreux Britanniques qui fréquentent la ville dans le sillage des trois séjours de la reine Victoria en 1885, 1887 et 1890.
Le 30 août 1905, la mode attachée à cette plante indigène est définitivement consacrée par la « Fête du Cyclamen » qu’organise le Casino d’Aix-les-Bains. Ce jour-là, chacun est tenu d’arborer cette fleur, au corsage pour les dames, à la boutonnière pour les messieurs. Après un concours de cannes et d’ombrelles fleuries, on joue une Polka Cyclamen dans les jardins du Casino, puis le corps de ballet aixois interprète la Valse des Cyclamens dans les salons. La fête se termine bien sûr par une pluie de cyclamens.
En outre, les moines de l’abbaye d’Hautecombe en extraient un parfum que l’on vend en souvenir de la ville, dans de petites fioles ou flacons, de la même manière qu’on le fait aujourd’hui avec le Mimosa dans le sud-est de la France.
Dans cette vitrine, parmi d’autres objets du nécessaire de beauté féminin et quelques gravures de mode, nous avons réuni une jolie collection de ces petits flacons de Cyclamens, que vous retrouverez également à différents endroits du Château en hommage au caractère fleuri et bucolique des environs d’Aix-les-Bains que l’on venait chercher à la Belle Époque.
Au cœur de cette vitrine, nous avons également placé la gravure d’une partie de croquet jouée par des dames, en clin d’œil au jeu mis à disposition des clients pour profiter des jardins du Château Brachet de façon ludique.
